Pour en savoir plus
Une histoire rythmée par les guerres
On peut rattacher l'histoire de cette forêt à celle de la région italienne "Ligurie". La région a officiellement été conquise par les Romains au IIe siècle av. J-C.
Pendant le Moyen-Age, Gênes a progressivement pris le contrôle de la majeure partie de la Ligurie. En 1815, la Ligurie est annexée au royaume de Sardaigne. A partir de 1860, elle fait partie du royaume d'Italie et devient en 1946, l'une des 20 régions qui composent la république italienne.
La forêt de Tête d'Alpe était une forêt domaniale italienne jusqu'au traité de paix de 1947 qui l'a rattachée au territoire français.
Le site de la forêt domaniale de Tête d'Alpe côté français a été soumis à une exploitation extensive et quelques incendies. L'exploitation par éclaircies de feuillus a favorisé l'homogénéisation des peuplements de sapinière. Globalement, il s'agit d'une forêt relativement jeune comparée au versant italien dont l'âge est d'environ 70-80 ans.
Des milieux naturels uniques en Europe
La forêt domaniale de Tête d'Alpe, située au point de rencontre de l'arc alpin et de la région méditerranéenne, accueille des éléments floristiques et faunistiques d'origines biogéographiques diverses : montagnarde (alpine), méditerranéenne, ligure et centroeuropéenne.
Plusieurs traits communs à la faune, la flore et aux habitats naturels confèrent à la forêt domaniale de Tête d'Alpe une grande originalité :
- éléments montagnards et alpins en limite sud de répartition
- éléments méditerranéens jusqu'à une altitude de 1400 m environ sur adrets et crêtes exposées.
L'intérêt du site est en lien direct avec :
- l'altitude et la position géographique méridionale du lieu : les Alpes à 12 km seulement de la mer ainsi que la topographie des Vallées de la Nervia et de la Roya orientées nord-sud
- la variété des types d'habitats : habitats forestiers, habitats rocheux (éboulis, falaise), habitats ouverts (maintenus par la pression de pâturage), bâtis (fortins ou blockhaus).
La coopération pour créer un réserve singulière
Pour atteindre les objectifs affichés, le projet se scinde en sept activités complémentaires :
- Récolte, analyse et organisation des données existantes : réalisation de l'état de l'art exhaustif de toutes les données disponibles sur le site puis création d'une base de données commune, permettant d'identifier les lacunes.
- Amélioration de la connaissance : en fonction de l'identification du manque de données, mise en œuvre de campagnes d'acquisition et définition de protocoles communs.
- Elaboration d'un plan de gestion commun pour la réserve : à partir des données recueillies conjointement, définition d'une stratégie et d'un plan d'actions communs aux deux gestionnaires pour gérer durablement les ressources naturelles du site. Côté français, au niveau réglementaire, le plan de gestion doit donner lieu au classement de la zone en réserve biologique mixte.
- Elaboration d'un accord international pour la création de la réserve transfrontalière : identification des dispositions juridiques nécessaire pour établir un accord international de création de la réserve, en fonction des législations environnementales propres aux deux pays
- Mise en place des premières mesures prévues dans le plan de gestion : réfection du bâti existant, création d'une maison de la réserve et signalétique pour matérialiser la naissance de la réserve.
- Actions de communication : édition d'une brochure, création de pages Internet spécifiques, publications d'articles scientifiques dans des revues spécifiques, colloques et inauguration afin d'initier une dynamique de gestion de la réserve transfrontalière.
- Coordination générale : suivi et pilotage assurés par le chef de file.
Longue vie à la réserve de Tête d'Alpe
Cette opération s'inscrit dans le long terme, bien au-delà de la seule création de la réserve. Celle-ci devra être ensuite gérée en commun par les partenaires italiens et français. La réalisation d'un plan de gestion constitue la première phase d'une coopération appelée à devenir permanente sur ce site.
Ce projet emblématique doit avoir une résonnance au-delà des territoires considérés. Cette action expérimentale doit servir d'exemple et d'encouragement à d'autres projets similaires. Elle peut favoriser d'autres échanges transfrontaliers au niveau de la gestion d'espaces naturels.