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Le monde des grands végétaux : exister

La forêt ne néglige rien pour assurer sa descendance : les pollens des fleurs sont innombrables, les graines sont équipées pour résister aux pires conditions et les fruits sont goûteux pour les animaux qui vont les disséminer.

Germer : du pollen à la graine

Après la  levée de la dormance d'hiver, les deux premières feuilles naissent de la germination de la graine
Après la levée de la dormance d'hiver, les deux premières feuilles naissent de la germination de la graine © Maurice Dedieu / ONF

La survie de l'arbre commence par la pollinisation avec un grain de pollen (mâle) transporté sur un ovule (femelle) statique, tous deux produits par des fleurs.
Cette pollinisation a lieu grâce au vent ou à des insectes comme les abeilles.

L'ovule fécondé par le pollen donne naissance à la graine, située au coeur du fruit et embryon du futur arbre. La graine contient la réserve nécessaire pour les premiers temps de la vie.

C'est après plusieurs mois d'attente hivernale que les conditions favorables du printemps lèvent la dormance de la graine. Sa germination peut commencer, avec deux feuilles initiales dont la forme rend à ce stade très difficile l'identification de l'espèce.

C'est l'époque, en forêt, des tapis de petits semis qui apparaissent sous les arbres.

Une pour mille

Pour une graine, la chance de germer est infime.

Les aléas climatiques provoquent des pourrissements ou des dessèchements prématurés. La prédation des oiseaux, insectes et rongeurs réduit encore leur nombre.

Ainsi, une graine de pin sylvestre a une chance sur 1.000 de germer.

Et pourtant, les semis sont au rendez-vous car la nature pâlie à ces aléas par une étonnante prodigalité : le nombre assure la survie.

D'autant qu'une graine ingurgitée par un animal n'est pas forcément condamnée définitivement : disséminée dans une crotte, elle trouve la possibilité de germer à distance de son arbre d'origine, assurant ainsi la diffusion de la biodiversité.

Gagner de la lumière pour grandir

La silhouette de ce chêne liège nous révèle la structure de ses branches
La silhouette de ce chêne liège nous révèle la structure de ses branches © Lillian Micas / ONF

La germination accomplie, le semis n'a plus de réserve et doit utiliser son propre support pour se nourrir car grandir est devenu vital pour lui.

Le jeune arbre, qui a la hauteur d'un doigt, va à la fois densifier son réseau de racines et étoffer son feuillage.

Sa survie est dès le début conditionnée par la lumière.

Il lui faut gagner sa part de rayons de soleil pour alimenter la photosynthèse et surtout ne pas rester à l'ombre de ses voisins au risque de dépérir.

Sa croissance a lieu au niveau des cellules terminales, les méristèmes, qui ont pour unique fonction de se diviser très rapidement.

Dans la famille des arbres, la croissance est illimitée grâce à ces tissus expansifs, que seules les conditions climatiques et la nature du sol peuvent ralentir.

La pousse de l'arbre qui grandit a lieu à ses extrémités, au niveau des bourgeons présents à la base de la feuille qui est tombée l'automne précédent.

Au printemps, les écailles protectrices du bourgeon s'écartent pour le débourrement. La pousse vert clair se déploie et s'allonge pour donner la nouvelle tige feuillée de l'année.

En été, elle s'équipe d'un tissu de protection qui fonce en brun les rameaux, c'est l'aoutement. Sans cette protection, le rameau sensible au froid ne passerait pas l'hiver.

Le savez-vous ? Pourquoi des silhouettes si variées

La disposition des bourgeons et leur angle d'insertion sur la tige conditionnent le port naturel de l'arbre. Chaque espèce à sa propre ramification qui dessine sa structure. Ce port naturel correspond à une situation où l'arbre est libre, sans concurrence.

En forêt, les arbres vivent en peuplement et la silhouette de chacun reflète son histoire et sa quête de lumière. Ainsi, les branches basses à l'ombre se dessèchent et tombent. La forme des houppiers se développe suivant la concurrence pour la place et prend souvent la forme d'une silhouette irrégulière.

S’épanouir : le tour de taille

Pouvez-vous imaginer ce futur sapin de 35 m ?
Pouvez-vous imaginer ce futur sapin de 35 m ? © Alain Blumet / ONF

Contrairement aux animaux qui ne grandissent plus à l'âge adulte, les arbres poursuivent leur croissance tout au long de leur vie.

La croissance de l'arbre s'étend à tous les niveaux : en hauteur, en profondeur et en largeur.

Un hêtre passe de 5 cm à 45 mètres (en comptant la hauteur des racines) en l'espace de 80 ans, soit 800 fois sa hauteur initiale.

Le grossissement du tronc s'accompagne d'un développement de la masse du houppier et d'une croissance en longueur et diamètre des racines.

Chaque année, le tour de taille du tronc augmente de 1 mm à 2 cm suivant les essences.

  1. cette croissance est assurée par le cambium, cerne qui entoure l'arbre sous l'écorce et lieu de fabrication, sur sa face interne, du bois, et sur sa face externe, du liber
  1. le bois, où circule la sève brute, constitue la plus grande part du cerne annuel qui matérialise la croissance de l'arbre
  1. le liber, où circule la sève élaborée, ne se développe pas en épaisseur comme le bois, ses cellules restent minces tout contre l'écorce.

D‘année en année, le bois se transforme peu à peu d'aubier, reconnaissable à sa couleur souvent plus claire (de alba, blanc en latin), en duramen constitué de cellules mortes qui ne jouent plus alors qu'un rôle de soutien.

Le savez-vous ? Discerner l'histoire

L'examen des cernes d'un arbre coupé permet de recueillir de multiples informations.


Les variations des cernes manifestent ses conditions de croissance tout au long de sa vie. La sécheresse de 1976 est assez facile à repérer aujourd'hui : la cerne correspondant à cette année est brusquement plus fine que les précédentes.


Les épaisseurs de croissance sont aussi liées à la vie du peuplement forestier. Par exemple, une éclaircie provoque un apport de lumière et une part d'eau disponible plus importante, ce qui favorise la croissance et se traduit par des cernes plus épais que les années précédentes.

Se protéger : merci l’écorce

L'écorce protège aussi des coups de soleil
L'écorce protège aussi des coups de soleil © Anne-Marie Granet / ONF

Le cambium, fine couche qui fabrique le bois, a besoin d'être protégé.

Ce rôle est dévolu à l'écorce, qui est générée par l'assise suberphellodermique, fine couche située entre le cambium et l'écorce.

Cette carapace a de nombreux bienfaits : elle protège l'arbre des brusques variations de température, des coups de soleil, des coups de froid, du dessèchement par le vent, des attaques d'insectes.

Elle assure aussi une isolation thermique qui limite les pertes d'eau circulant sous l'écorce.

Le savez-vous ? Des écorces craquelées

Si la croissance en hauteur a lieu principalement pendant la jeunesse de l'arbre, soit les quarante premières années, avec l'âge la croissance en diamètre prend le relais.

Ce qui explique que les arbres anciens ont une écorce nettement plus craquelée que durant leur jeunesse, tout en gardant encore une certaine plasticité.

Le Hêtre se distingue par une écorce lisse tout au long de sa vie, car elle est à la fois fine et très souple. Mais d'une protection moindre que celle d'un chêne, vis-à-vis par exemple des coups de soleil qui provoquent brûlure et décollement partiel d'écorce.

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