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Le monde des grands végétaux : retourner à la terre

Une croûte brune en apparence inerte qui colle aux pieds ou est ferme comme un plancher, voilà l’idée que l’on se fait habituellement du sol.
Pourtant c’est une matière vivante et même extraordinairement active, où se joue la part invisible de la vie des arbres. Une gigantesque usine de recyclage qui travaille 24 heures sur 24 et tout au long des saisons.
Un lieu où tout finit et où tout recommence.

Retour au sol

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Illustration © Jean-Pierre Chasseau /ONF

Tout ce que produit la forêt retourne tôt ou tard au sol, mis à part les prélèvements de l'activité humaine.

Les feuilles mortes sont la partie la plus visible de ce retour au sol. Rameaux, fruits, graines et feuilles entassées composent la litière à laquelle s'ajoutent chaque année les débris d'arbres.

Une telle accumulation répétée de matière végétales n'ensevelit pas pour autant la forêt.

Une opération de disparition a lieu selon le principe de « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme... ».

Ce recyclage est un phénomène naturel de décomposition.

Décomposition annoncée

A peine à terre, la matière issue des végétaux est prise en charge par une multitude d'organismes décomposeurs.

Certains sont énormes comme les vers de terre, d'autres microscopiques comme les microarthopodes (acariens, collembelles, mille-pattes).

  1. Les vers de terre fragmentent les débris de feuilles, digèrent leurs pigments bruns et excrètent la terre.
  1. Les champignons sont les seuls à pouvoir digérer la lignine, molécule très résistante contenue dans le bois et les débris végétaux.
  1. Les bactéries quant à elle cassent les structures inertes restantes.

Au final, le résultat de cette opération décompose les molécules organiques en éléments simples réassimilables.

Une activité invisible

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Illustration © Jean-Marc Brezard / ONF

L'activité des décomposeurs est intense : certains peuvent traiter journellement plus de 1.000 fois leur poids.

Les bactéries et les filaments souterrains de mycélium des champignons sont les décomposeurs les plus importants.

Organismes vivants, ces décomposeurs forment le premier maillon de la chaîne alimentaire, qui débute avec la matière organique morte.

Cette formidable activité biologique, bien qu'invisible, permet à la forêt de restituer au sol une part de qu'elle lui a soustrait. Cet apport contribue à son développement mais aussi à la formation des sols.

 

Un gramme de sol forestier peut abriter plus d'un milliard de microorganismes.

 

Traitement rapide

Le recyclage de la litière transforme donc des molécules complexes en éléments simples réassimilables comme les sels minéraux.

Cette minéralisation est assez rapide.

Dans un sol très réactif, 90% de la masse des feuilles peut être recyclée en moins d'un an.
Il suffit, en été, de gratter la litière d'une hêtraie pour constater sa très faible épaisseur.

S'il reste une part de matière indigeste, ce n'est pas perdu pour autant car c'est une source de molécules organiques nouvelles. Cet apport améliore la porosité et la perméabilité du sol.

Le savez-vous ? De l'utilité des sels

L'arbre est composé à 90% de carbone et d'eau (oxygène et hydrogène).

Mais les arbres ont aussi besoin, pour se développer, d'une petite quantité d'azote, de potassium, de calcium, de magnésium et de phospore.

Le fer, le manganèse et le zinc sont des oligo-éléments essentiels, bien qu'en faible quantité. Ces minéraux, souvent au stade de sel, aident à fixer et combiner les molécules.

Nourrir la vitalité

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Illustration © Jean-Pierre Chasseau / ONF

Le sol est, avec le climat, l'un des facteurs majeurs de la croissance des forêts.

Réservoir d'eau et entrepôt de matières assimilables, il est le support physique où les racines vont se développer.

Ainsi un sol superficiel, peu épais, rend la pénétration des racines difficiles.
A l'âge adulte, les arbres y auront une faible hauteur. Toute leur vie, ils seront plus facilement déracinables par le vent.

Autre exemple, un sol sableux n'est pas capable de retenir l'eau.
Même si les racines peuvent s'y enfoncer profondément, les périodes de sécheresse sont dangereuses pour la vitalité de l'arbre.

En fait, la qualité du sol est principalement conditionnée par son aération et par ses qualités minérales nutritives.

C'est la qualité du mélange entre matière organique et éléments minéraux qui est le facteur décisif du développement des arbres.

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