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Le monde des grands végétaux : les imprévus naturels

Vent, chaleur, froidure, neige sont des phénomènes naturels que nous connaissons bien dans nos régions au climat tempéré.
Pourtant la nature peut s’emballer, se cabrer et nous sommes alors confrontés à des inattendus qui perturbent fortement le cours naturel des saisons. L’homme parait alors parfois démuni.

En 1999, le vent des vents

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Illustration © Jean-Pierre Chasseau / ONF

Deux très fortes tempêtes successives à deux jours d'intervalles ont marqué les esprits : fin 1999, la France à été balayée par cette fameuse « Tempête du siècle » en deux vagues.

La forêt a payé un lourd tribut à cette furie venue du ciel. La récolte de bois d'une période de trois à dix ans a été renversée ou soulevée.

Par endroit, la forêt paraissait être passée sous un rouleau compresseur : plus aucun arbre ne tenait debout. Ailleurs c'était un champ de troncs de pins à la tête cassée formant une zone impénétrable.

Pour une même force de vent, les arbres n'ont pas la même résistance, de par leur silhouette, l'arborescence de leur cime, la pénétration de leurs racines.

Epicéa et sapin sont comme des voiles où le vent s'engouffre et est bloqué par la masse d'aiguilles. Par contre, les feuillus ont un feuillage moins dense et inexistant en hiver.

Les troncs et les houppiers habitués au vent d'ouest sont plus faibles face à des vents venant du nord ou de l'est.

Régulièrement, des mini tempêtes locales provoquent des trouées dans la forêt. Les chablis (arbres déracinés ou cassés) sont bien connus des forestiers.

Cette fois, la furie des vents de plus de 120 km/h ont provoqué des dégâts inconnus jusqu'alors.
Elle a entraîné une meilleure connaissance des impacts du vent sur les peuplements forestiers.

Ainsi il est apparu que les lisières, en fonction de leur épaisseur, soit provoquent de fortes turbulences une fois dépassées, soit au contraire ont un rôle filtrant qui diffuse le pression du vent. Leur action est aujourd'hui mieux prise en compte.

Des chablis sans raisins

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Illustration © André Alain / ONF

Le chablis est plus connu comme un cru réputé de Bourgogne.
Les forestiers l'associent également aux arbres renversés ou cassés par des évènements naturels, coup de vent ou poids de la neige. Des arbres épars ou très localisés inventoriés le plus souvent à la sortie de l'hiver.

Ce mot très ancien de l'époque médiévale correspondait déjà à une partie de la récolte annuelle non choisie, la récolte «accidentelle».

La partie cassée du chablis s‘appelle le «volis» ; le tronc resté sur pied est la « chandelle » ; quant à la «galette», elle est la base racinaire soulevée et positionnée verticalement par rapport au sol lorsque l'arbre a été complètement renversé.

L'exploitation forestière de ces chablis demande de la part des bûcherons une haute pratique professionnelle. Le bois des troncs suspendus ou renversés subit des tensions intérieures qui ont des effets de ressort très dangereux au moment de la découpe de l'arbre.

Un manteau écrasant

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Illustration © Philippe Lacroix / ONF

La neige est une volée de flocons légers qui se dépose peu à peu pour former une couverture.

Mais l'épaisseur de la couche peut se révéler une masse si dense que son poids déséquilibre ou casse les arbres.

Les résineux sont en première ligne car leurs aiguilles persistantes en hiver retiennent la neige.
Epicéas et sapins peuvent aussi se renverser comme un château de carte, les premiers entraînant les suivants dans le sens de la pente.

Dans les reliefs montagneux, le poids de la neige ou sa mauvaise fixation provoquent des avalanches. Les décrochements de masses neigeuses suivent le plus souvent des couloirs où seules la forêt ou des installations pare-avalanches peuvent freiner ou arrêter la furie neigeuse.

Le savez-vous ? Les épicéas du Jura

Ces épicéas du Jura ont développé une silhouette particulière dite columnaire : ces très grands résineux de plus de 35 m présentent des branches très pendantes contre le tronc, d'où l'aspect d'une colonne qui présente l'avantage de peu retenir la neige.

Sécheresse et canicule

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Illustration © Erwin Ulrich / ONF

Les précipitations atmosphériques sont variables tout au long de l'année. L'hiver et le printemps ont une nette tendance humide et pluvieuse et l'été une tendance plus sèche et chaude durant laquelle seuls des orages apportent un volume conséquent d'eau.

Les arbres sont plus ou moins adaptés à ces variations. De longues périodes sans pluie durant la pleine végétation les obligent à utiliser au maximum l'eau disponible par les micro racines et les radicelles.

En période de sécheresse, le chêne est capable de se délester d'une partie de ses petites branches pour se maintenir. Ce phénomène nommé «décuretation» laisse une cicatrice très saine (dite écusson) sur la branche porteuse comme quand les feuilles tombent en automne.

Une situation de canicule, avec sa température qui dépasse les 30°c, accentue encore la sécheresse. Les feuilles se recroquevillent pour réduire leur surface face au soleil et diminuent ainsi leurs échanges gazeux en fermant partiellement leurs stomates.

Le savez-vous ? Les arbres ne sont pas à l'abri de brûlure

Les arbres sont habitués à être exposés à la lumière du soleil tout au long de l'année, mais de fortes températures peuvent brûler certains tissus. Les lisières, les faces du relief exposées au sud et sud-ouest sont les plus sensibles. Conséquence, des décollements d'écorces peuvent se révéler au printemps suivant.

Ces surchauffes provoquent aussi des embolies de vaisseaux conducteurs de sève. La rupture de la circulation est révélée par des suintements brunâtres, en particulier sur le hêtre.

Des arbres de cristal

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Illustration © Jean-Louis Klein / ONF

Des conditions exceptionnelles – pluies brusques en période de gel qui se figent sur les branches – peuvent provoquer un dépôt de glace.

L’arbre voit son poids doubler ou tripler par l’épaisseur de glace.
Ce surpoids rapide transforme des branches souples et solides en des bâtons de glace fragiles et cassants. Certains peuvent perdre ainsi brusquement les trois quarts de leurs branches.

Ces forêts de cristal portent les stigmates de ces démembrements pendant près de dix années.

Pluies acides

Au début des années 80, des observations alarmantes en Suisse puis en Allemagne, Europe de l'Est et France ont été portées à connaissance du grand public sous le générique de « pluies acides ».

Les gouttes d'eau étaient chargées de fines poussières de rejets industriels aériens. Une pollution atmosphérique lointaine mais portée par les vents sur une longue distance. Les arbres les plus touchés furent les résineux, tout particulièrement les épicéas dont les aiguilles se renouvellent sur 3 ans ; et notamment dans les Vosges, où le sol est déjà naturellement plus acide.

Les nombreux dépérissements plus ou moins rapides et plus ou moins définitifs qui ont pu être observés correspondaient à une synergie de plusieurs facteurs : la nature du sol, l'essence forestière, le degré de pollution, les agents pollueurs et le climat.

C'est à cette époque que les premiers réseaux d'observations de suivis des écosystèmes ont été installés au niveau français et européen.

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