Genèse et objectifs
La tempête de 1999 a constitué un grand choc pour la forêt et sa gestion. Depuis cet événement, les forestiers français et allemands ont été confrontés à la reconstitution des peuplements détruits (plus de 7.000 ha en Alsace du nord, 1.000 ha dans le Palatinat), à la baisse drastique des revenus engendrée par la chute des cours du bois (- 35 % en 2005), et à l’internationalisation du marché et de la filière bois. Dans ce contexte, des idées nouvelles ont émergé en Allemagne, que les forestiers des deux cotés de la frontière ont souhaité approfondir et conforter ensemble.
Des idées nouvelles
- l’extension de la technique de la régénération naturelle jusqu’à la prise en compte des successions végétales spontanées
- la valorisation des peuplement pionniers et des essences négligées par le passé comme le bouleau
- la limitation du coût de la sylviculture par la mise en œuvre d’interventions légères et ciblées sur quelques sujets
Construire des outils transfrontaliers
En foresterie, par suite de la croissance lente des peuplements, il est difficile de démontrer le bien-fondé de stratégies nouvelles.
Dans le cadre du projet, les forestiers alsaciens trouveront dans le Bienwald très touché par la tempête de 1990, les images nécessaires pour illustrer les idées nouvelles pour reconstituer le massif de Haguenau.
De leur coté, les forestiers palatins se verront confortés et enrichis dans leurs pratiques par les experts français et trouveront un terrain de mise en œuvre en vraie grandeur.
Concrètement, il s'agit de construire ensemble des outils transfrontaliers pour asseoir durablement cette nouvelle sylviculture, et notamment :
- un état des lieux exhaustif, quantitatif et qualitatif de la régénération naturelle qui s'est développée après Lothar de part et d'autre de la frontière
- une typologie commune des successions forestières après tempête à l'observation des peuplements naturels les plus marquants issus des tempêtes de 1999
- un guide de sylviculture partagé et un plan de gestion de ces nouveaux peuplements qui permette d'en assurer une valorisation à la fois économique et environnemental.
Ces outils bilingues permettront de montrer, au delà de la région du projet, la faisabilité d'une sylviculture innovante, et de la faire accepter par les instances forestières nationales et la filière bois.
Ils serviront aussi à former les personnels forestiers de base (techniciens et ouvriers sylviculteurs) et à sensibiliser le grand public aux essences méconnues comme le bouleau.
Les successions naturelles : des peuplements d'un nouveau type
Les successions naturelles forment des peuplements inédits, car les stratégies précédentes de reconstitution après catastrophe ont toujours privilégié les plantations, et n'ont pas permis leur expression.
Le bouleau, en réalité, pourrait être un excellent « éducateur » du chêne ou du pin sylvestre par l'ambiance forestière et la concurrence interspécifique qu'il suscite.