La réserve biologique dirigée du nord Grande Terre
Située au nord-est de la Guadeloupe, sur l’île de Grande-Terre, la réserve biologique dirigée (RBD) nord Grande Terre accueille les dernières forêts sèches de Guadeloupe. D’une superficie de 730 ha, la RBD concerne les communes d’Anse-Bertrand, de Port-Louis et de Petit-Canal.
Ecosystème devenu très rare en Guadeloupe et dans les Petites Antilles, la forêt sèche est encore menacée de disparition. Ne représentant que 27% du couvert forestier de Guadeloupe, la forêt sèche est le milieu forestier qui a le plus régressé entre 2004 et 2010, en particulier dans le nord Grande Terre avec un rythme moyen de perte de 28 ha par an. C'est pourquoi, la réserve biologique dirigée assure la protection de la quasi-totalité de la forêt sèche publique de Grande Terre sachant que 96% de la forêt sèche de Guadeloupe est de propriété privée.
- La réserve abrite 8 massifs répartis sur le nord Grande Terre qui appartiennent à 3 propriétaires publiques différents :
- les forêts départementales de Deville-Maisoncelle, de Duval, de Poyen, de Pouzolle, de Bellevue-Berthaudière et du sud-ouest de la barre de Cadoue
- la forêt domaniale du littoral de Anse-Laborde à Anse-Maurice
- la forêt du nord-est de la barre de Cadoue du Conservatoire du Littoral.
- Espace protégé et géré par l'Office national des forêts, la première RBD de Guadeloupe a pour objectifs :
- la conservation de milieux naturels et d'espèces remarquables
- la mise en place d'une protection réglementaire et d'une gestion spécifique nécessaire à une conservation efficace
- la gestion partagée sous l'égide d'un comité consultatif de gestion regroupant tous les acteurs concernés du territoire, privé, associatif et public
- le renforcement du réseau des espaces protégés de la Guadeloupe.
Une forêt sèche à protéger et à restaurer
La végétation originelle a été modifiée par l'homme sur 95% du territoire de nord Grande Terre. La dynamique forestière et la présence encore forte d'espèces indigènes offrent des capacités de reconquête vers des forêts originelles que la réserve biologique va encourager.
La forêt sèche est couverte d'une mosaïque de formes et de couleurs issues des variations des conditions du milieu (relief, exposition, sol et réserve en eau) ainsi que des actions de l'homme au cours de l'histoire. Le terme de forêt sèche couvre les formations végétales, adaptées au climat sec de la Grande Terre avec moins de 1.500 mm de pluie par an. Elle se caractérise par un couvert arboré discontinu et des plantes avec des feuilles adaptées au manque d'eau.
Un patrimoine naturel unique à découvrir
Au-delà de son rôle essentiel dans la protection des sols et de la réserve en eau du nord Grande Terre, la forêt sèche offre des paysages originaux riches en plantes et en arbres spécifiques à ce milieu.
La réserve biologique dirigée abrite plus de 316 espèces de plantes, 51 espèces d'oiseaux, 7 espèces de chauve-souris.
Parmi les espèces les plus emblématiques, nous pouvons citer :
- Tetramica elegans
En danger d'extinction en Guadeloupe, cette orchidée est caractéristique des zones sèches et se développe en sous-bois. Rare dans le nord Grande Terre, elle est menacée par les prélèvements et les défrichements.
- Le Mapou gris
Arbre au tronc souvent massif et tortueux, pouvant atteindre 10 m de haut, il se trouve dans les forêts sèches en particulier dans la barre de Cadoue.
- Ardops nichollsi
Endémique des Petites Antilles, cette chauve-souris occupe uniquement le feuillage des grands arbres de forêt sèche. Elle se nourrit de fruits.
- Le Gommier rouge
Grand arbre pouvant atteindre les 15 m de hauteur il s'identifie grâce à son tronc rouge dont l'écorce se détache en petites plaques. Il est très présent en forêt sèche.
- Anolis marmoratus
Lézard endémique de la Guadeloupe, dont il existe 6 sous-espèces, il se nourrit principalement de fourmis et de mouches.
Des sites paysagers remarquables
Les paysages du nord Grande Terre sont marqués par les activités humaines, en particulier par l'agriculture et les champs de canne à sucre. Le contraste très fort en nord Grande Terre entre la beauté des paysages naturels et la monotonie des paysages agricoles et urbains glorifie et souligne encore plus la nécessité de protéger cette nature.
Pour exemple, la barre de Cadoue, escarpement de faille de 75 m de hauteur, offre une respiration boisée entre les deux plateaux cultivés de Saint-Jacques au nord et de Sainte-Marguerite au sud.
Autre paysage unique de la Guadeloupe, la pointe de la Grande Vigie sur le plateau des hauteurs Caraïbes culmine à 84 m de hauteur. Les grandes falaises abruptes couvertes d'une végétation très diversifiée marquent les visiteurs par leurs formes et leurs particularités géomorphologiques comme le souffleur, la roche percée, le trou de Madame et autres dos de tortue...