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Les forêts sources de bois

La forêt est un gigantesque réservoir de bois. Les besoins sont énormes, que ce soit pour se chauffer, cuire les aliments ou construire et entretenir les tranchées.

Avant-guerre, le bois constitue déjà une ressource déterminante pour de nombreuses industries, telles que le bâtiment, les chemins de fer, la marine ou les mines.

Selon l'administration des Eaux et Forêts, la France consommait près de douze millions de mètres cubes de bois en 1913, dont plus de 30% étaient importés de l'extérieur.

> Des besoins largement sous-estimés

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Le passage à une guerre de position augmente les besoins en bois (coupe de taillis pour fabriquer des pieux, Nanteuil-la-Fosse, Marne) © ECPAD

Le bois apparaît donc comme un matériau stratégique. En prévision de la guerre, l’administration calcule les volumes dont devrait avoir besoin l’armée.

Mais le conflit qui ne doit durer que quelques semaines s’allonge puis s’enlise. Quelques mois seulement après le début des hostilités, toutes les prévisions se révèlent fausses : les besoins ont été largement sous-estimés.

En chiffres

  • 1 km ² de front en forêt exige 3.000 tonnes de bois pour le seul aménagement des ouvrages
  • pour 10 m linéaires de tranchée, il faut 1 stère de bois
  • pour construire 1 abri d’infanterie, il faut 5 à 20 stères de bois.

> Des demandes très diverses

La guerre génère toute sorte de demandes en matière de bois (fabrication de caillebottis, Jonchery-sur-Vesles, Marne, novembre 1917)
La guerre génère toute sorte de demandes en matière de bois (fabrication de caillebottis, Jonchery-sur-Vesles, Marne, novembre 1917) © ECPAD / Bressoles

Les demandes sont de toute nature et concernent tous les types de bois. L'artillerie recherche des bois durs (chêne, hêtre, charme) pour la fabrication d'affûts de canons, de caisses de munitions, d'attelages de pièces. L'armement a besoin de bois résistants pour les manches d'outils, les crosses de fusils.

Le génie est quant à lui en quête de bois dur pour les traverses de chemin de fer, de bois tendre pour l'étayage des réseaux de tranchées. L'intendance réclame pour sa part du bois de chauffage et du charbon. En plein essor, l'aviation a de son côté des exigences bien précises : Epicéa pour le fuselage et la charpente, Frêne pour les trains d'atterrissage, Noyer et Orme pour les hélices.

Du bois importé

Pour faire face aux très nombreuses demandes de bois, les exploitations militaires et le marché privé intérieur ne suffisent pas : sur les six millions de mètres cubes que l'armée française emploie entre 1914 et 1915, 15% sont importés de l'étranger.

> Du piquet au tablier de pont

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Les plus petits brins produits lors des coupes permettent de fabriquer des piquets et fascines en nombre (fabrication de piquets, forêt de l’Isle Adam, Val d’Oise, août 1915) © ECPAD / A. Moreau

Après abattage, le bois est acheminé vers des scieries de campagne, construites spécialement pour les besoins du front.

Le bois est façonné de multiples manières : les brins les plus petits servent à produire fascines et piquets en quantités gigantesques, les calibres moyens sont débités en planches et les plus grosses billes sont conservées pour la fabrication des pièces les plus massives, comme les portes d'écluses ou les tabliers de pont.

> Organiser l’acheminement

Après traitement, le bois est acheminé par des voies ferrées étroites, dites voies de 60, puis par voies fluviales jusqu'à des zones de stockage où il peut attendre d'être envoyé aux armées.  

Des voies étroites, de 60 cm de large, permettent de sortir le bois des forêts (Vosges, août 1916)
Des voies étroites, de 60 cm de large, permettent de sortir le bois des forêts (Vosges, août 1916) © ECPAD / A. Moreau