Mourir en forêt
Comme ils se dissimulent pour donner la vie, les animaux se cachent pour mourir. Seuls quelques rares traces et indices permettent de comprendre que, sous le couvert de la forêt, la mort a fait son œuvre.
Passer de vie à trépas
Il y a bien des manières de mourir en forêt, la plus rare étant la mort par vieillissement naturel.
Par contre, la saison hivernale provoque souvent une forte mortalité suite aux difficultés à trouver de quoi se nourrir. Un accident, une chute ou une blessure de chasse sont souvent une condamnation à brève échéance.
Mais, le plus souvent, on meurt en forêt sous les dents des prédateurs, surtout quand on est jeune.
Hiver meurtrier
L'hiver est une période rude, durant laquelle il est plus difficile de trouver de la nourriture. La neige en couche trop épaisse ou trop persistante, le sol gelé, empêchent les animaux d'accéder à leur repas. Il y a des cas où la concurrence peut se révéler alors mortelle quand une population est trop abondante.
Ainsi, chez les chevreuils, les individus les plus affaiblis, par leur jeunesse ou leur vieillesse, résistent mal. Au printemps, des restes de cadavres sont alors retrouvés par les chasseurs.
Le prélèvement de la chasse
En hiver, la chasse est un moyen de réguler les populations des grands animaux sans prédateurs. Le plus souvent, les chasseurs retrouvent et emportent le gibier qu'ils ont chassé.
Il arrive cependant que des animaux seulement blessés meurent quelques jours plus tard, tapis dans les buissons. De manière générale, les cadavres sont très vite la proie de carnivores, d'oiseaux et d'insectes qui se partagent la chair et les os.
Quand un renard trouve le cadavre récent d'un chevrillard (jeune chevreuil), il l'arrose d'urine pour marquer sa propriété. Il reviendra plus tard terminer son repas ou ramener une part pour ses petits.
Un crâne qui se trouve à proximité d'une fourmilière sera nettoyé en quelques jours.
Des os introuvables ?
Il est très rare de retrouver en forêt des squelettes d'animaux, grands ou petits, car ils sont dispersés : les petits os sont emportés par les carnivores et les gros rongeurs, les autres sont grignotés sur place. Le reliquat est enseveli dans la litière de feuilles et de branches tombées au sol.
Un crâne ou une clavicule sont par exemple appréciés par les rongeurs pour leur apport nécessaire de vitamines. La dureté de l'os leur permet également d'user leurs dents qui poussent sans arrêt.
Un ossuaire varié
Il arrive que des blaireaux réoccupent, pour y fonder une nouvelle famille, un terrier précédemment occupé par d'autres blaireaux ou des renards.
Cette réinstallation est précédée d'un grand nettoyage et les détritus sont rassemblés en tas à l'extérieur. Aux gravats se mêlent des ossements et des crânes.
On peut ainsi trouver un crâne de renard qui côtoie un crâne de blaireau, ou tout ou partie de squelettes d'animaux qui, blessés ou malades, ont dépéri au fond du terrier.
Tête de mort ou bois tombés ?
Le chevreuil et le cerf perdent les bois, signe de leur virilité qu'ils portent sur la tête.
Chaque année, la paire de bois composée d'os, tombe puis se reconstitue. Ainsi, trouver un bois à terre est rarement le signe qu'un animal est mort. Par contre, ce sera le cas si les bois sont encore fixés sur le crâne.
De manière générale, il n'est pas facile de trouver des bois tombés : ils sont ensevelis sous les feuilles, perdus dans des buissons ou mélangés à des branchages.
Sans parler des petits bois de chevreuil, traînés dans leurs cachettes par les rongeurs.
Enquête de dentiste
Un crâne entier permet de reconnaître l'espèce et l'âge de l'animal.
La dentition, adaptée au régime alimentaire, permet d'identifier le propriétaire : incisives en biseau pour les rongeurs (lièvre), crocs pour les carnivores (renard), molaires larges pour les herbivores (chevreuil) et denture complète pour les omnivores (sanglier).
L'usure des dents est un autre indice précieux : plus l'âge est avancé, plus l'émail est usé, et les crêtes ont disparu.
Le savez-vous ? Ne pas toucher !
Les rares animaux rencontrés morts sont en cours de putréfaction. Une pullulation d'asticots sous la peau et dans les entrailles fait son œuvre de recyclage. L'odeur et la présence de mouches pondeuses le révèlent.
Il ne faut donc pas toucher un cadavre d'animal, à moins d'utiliser des gants de protection, car le risque d'infection est grand.