Les oiseaux forestiers : une forte présence en forêt
Une centaine d'espèces d'oiseaux nichent régulièrement en forêt, soit près du tiers des 306 espèces qui se reproduisent en France métropolitaine. Une dizaine d'autres espèces fréquentent les forêts au cours de leurs migrations.
Des espèces le plus souvent communes et largement répandues en Europe
Selon la classification scientifique, ou systématique, tous les animaux sont rangés en classes, ordres, familles et espèces.
La classe des oiseaux - Aves - est divisée en deux grands groupes :
- l'ordre des Passereaux (Passeriformes)
- et différents ordres de non-passereaux.
Les Passereaux, qui forment la grande majorité des oiseaux dans nos forêts, se divisent en familles :
- Motacillidae : Pipit des arbres, bergeronnettes
- Laniidae : Piegrièche écorcheur
- Troglodytidae : Troglodyte mignon
- Prunellidae : Accenteur mouchet
- Turdidae : Tarier pâtre, Rougequeue à front blanc, Rougegorge familier, Rossignol philomène, grives et merles
- Sylviidae : Locustelle tachetée, Hypolaïs, fauvettes, pouillots, roitelets
- Muscicapidae : gobemouches
- Aegithalidae : Mésange à longue queue
- Paridae : mésanges
- Sittidae : sittelles
- Certhiidae : grimpereaux
- Sturnidae : Etourneau sansonnet
- Oriolidae : Loriot d'Europe
- Emberizidae : bruants
- Laniidae : Pie-grièche écorcheur
- Corvidae : Geai des chênes, Cassenoix moucheté, Corneille noire
- Fringillidae : Pinson des arbres, Chardonneret élégant, Verdier d'Europe, Linotte mélodieuse, Tarin des aulnes, Sizerin flammé, Venturons, Bouvreuil pivoine, Grosbec casse-noyaux, Bec-croisé des sapins
- Emberizidae : bruants.
Quant aux non-passereaux, les principaux ordres de représentés sont :
- les Galliformes : faisans, tétras
- les Ciconiiformes : Cigogne noire
- les Accipitriformes : rapaces diurnes
- les Charadriiformes : Bécasse des bois
- les Columbiformes : pigeons et Tourterelle des bois
- les Cuculiformes : Coucou gris
- les Strigiformes : chouettes et hiboux
- les Caprimulgiformes : Engoulevent d'Europe
- les Piciformes : pics
Quelques exceptions qui confirment la règle...
- une seule espèce est strictement confinée à la France (endémique) : la Sitelle corse
- un petit nombre d'espèces sont rares et très localisées : Gobemouche à collier en Lorraine, Pic à dos blanc dans l'ouest des Pyrénées...
- d'autres ne se trouvent que dans les forêts de conifères : Bec-croisé des sapins, Cassenoix moucheté...
- d'autres enfin nichent seulement dans les forêts de montagne : Sizerin flammé, venturons, tétras, Pic tridactyle, Chouette chevêchette.
La densité des oiseaux varie en fonction de certains paramètres
Toutes espèces confondues, les densités moyennes d'oiseaux varient beaucoup selon le type de forêt et l'âge du boisement.
On a trouvé, par exemple dans les sapinières du Morvan, des parcelles les plus jeunes aux plus âgées, de 10 à 52 couples/10 ha ; et jusqu'à 78 couples/10 ha dans la vieille chênaie-hêtraie.
Dans les futaies de Champagne, Bourgogne et Lorraine, les densités totales sont de 65 à 75 couples/10 ha, mais elles peuvent tomber à 30-40 couples dans les forêts de montagne des Alpes ou des Pyrénées et en dessous de 20 couples dans les plantations de conifères uniformes.
De manière générale :
- dans une même forêt, le nombre d'oiseaux nicheurs dépasse rarement 50 et, dans une même parcelle homogène d'une dizaine d'hectares, on a recensé jusqu'à 47 espèces au printemps
- le nombre d'espèces tend à diminuer sensiblement du nord-est de la France vers le sud et l'ouest
- il décroît également avec l'altitude, surtout au-dessus de 1000 m, et aussi des boisements de feuillus à ceux de conifères
- les plantations pures sont les plus pauvres (10 à 20 espèces nicheuses au maximum), surtout si elles sont régulières, serrées et constituées de conifères exotiques.
Les oiseaux et la forêt, une longue histoire
Les oiseaux forestiers ont eu à faire face à de nombreuses variations des surfaces forestières depuis le néolithique : incendies répétés, défrichements accompagnant le développement de l'élevage et de l'agriculture avec pour conséquance de réduire partout la forêt et de la fragmenter. Le premier pic de déforestation culmina à l'époque romaine puis, après un répit de quelques siècles, il reprit à la fin du Moyen Age, pour atteindre son maximum au milieu du XIXe siècle. Depuis, la forêt a regagné du terrain pour couvrir actuellement le quart du territoire français. C'est dire que les oiseaux forestiers ont subi de nombreuses vicissitudes.
Et pourtant, aucune espèce n'est connue pour avoir totalement disparu. Cependant, plusieurs espèces avaient certainement une distribution plus étendue quand la forêt primaire était continue. Il s'agit par exemple des tétras, Gélinotte, ou certains aigles et pics que l'on ne trouve plus aujourd'hui que dans les vieilles forêts de montagne ou d'Europe Centrale.
En revanche, la plupart des oiseaux qui subsistent dans nos forêts supportent bien les perturbations (exploitation forestière) et la fragmentation des forêts (découpage des massifs en îlots de tailles variables). C'est aussi pourquoi les mêmes espèces se retrouvent communément dans les parcs et les jardins. Il s'agit alors aussi bien des espèces naturellement propres aux taillis jeunes (fauvettes, Rossignol philomèle, Accenteur mouchet), aux lisières (Pie-grièche écorcheur, Tourterelle des bois, Linotte mélodieuse, Bouvreuil pivoine, Verdier d'Europe) et aux futaies très claires (Pipit des arbres, Rougequeue à front blanc) qu'aux sous-bois sombres du coeur des forêts (Rougegorge familier, Merle noir, Grive musicienne).