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La Cigogne noire, moins connue que sa cousine la Cigogne blanche

La Cigogne noire est moins connue que sa cousine blanche qui niche sur les cheminées alsaciennes. Plus discrète et farouche, elle aime le couvert forestier. Mais comme sa consoeur, elle migre et traverse chaque année l'Europe du Sud et l'Afrique pour passer les mois d'hiver au chaud. Rencontre avec cette espèce protégée qui se réinstalle lentement en Europe occidentale.

La reconnaître

Légèrement plus petite que la Cigogne blanche, et à peine plus grande que le Héron cendré, la Cigogne noire (Ciconia nigra) mesure, posée, de 95 à 100 cm de haut pour une envergure en vol de 145 à 155 cm. Echassier de grande taille donc, elle pèse environ 3 kg.

Si on ne peut distinguer le mâle de la femelle (on dit alors qu‘il n'y a pas de dimorphisme sexuel), en revanche les individus présentent des différences d'aspect selon leur âge.

C'est d'ailleurs le seul moyen de les différencier :

  1. le jeune présente un bec et des pattes vert-jaune
  1. chez les immatures (oiseau dans sa deuxième année), le bec et les pattes prennent une couleur chair ou orangé, tandis que tête et cou sont brun noir. Le cercle rouge autour de l'œil est à peine amorcé
  1. le dos de l'adulte est tout noir, avec parfois des reflets métalliques verts, tandis que son ventre et ses aisselles sont blancs. Ses pattes sont rouge vif et son bec, rouge carmin.
Le bec jaunâtre permet de reconnaître qu'il s'agit d'un jeune de l'année. La bague permet de suivre les migrations
Le bec jaunâtre permet de reconnaître qu'il s'agit d'un jeune de l'année. La bague permet de suivre les migrations © Fabrice Croset / LPO Champagne-Ardenne

Comment la reconnaître en vol ?

Les personnes non initiées qui observent pour la première fois cet oiseau ne l'appellent pas Cigogne noire mais plus souvent Héron noir ou Grue noire.

En vol, on la distingue du Héron cendré par son cou tendu et à bonne distance vu par dessous, seul le ventre apparaît blanc, contrastant avec les ailes et le cou noir.

Longévité

On l’estime à une vingtaine d’années.

Habitat

Le plus grand oiseau forestier quitte la forêt pour aller se nourrir dans les ruisseaux et vasières
Le plus grand oiseau forestier quitte la forêt pour aller se nourrir dans les ruisseaux et vasières © Fabrice Croset / LPO Champagne-Ardenne

La Cigogne noire fuit l'homme et installe son nid au cœur des grands massifs forestiers. De mœurs diurnes, elle fréquente les petits ruisseaux, les vasières des plans d'eau peu profonds, les marais et les prairies humides dans un rayon de 5 à 10 km autour du nid.

On peut la rencontrer perchée sur un arbre ou posée dans un milieu humide où elle cherche sa nourriture. On observe le plus souvent un individu seul ou, en fin de saison, des groupes de quelques oiseaux en en migration.

L'Europe méridionale accueillerait la majeure partie de la population de cigognes noires. L'effectif nicheur y est estimé entre 6.500 et 19.000 couples. Cette fourchette très large est due au manque de précision sur les populations de cigognes noires de Russie (1.000 à 5.000 couples) et de Turquie (500 à 2.000 couples). L'Asie regrouperait de 2.000 à 4.000 couples, et l'Afrique du Sud en accueillerait un millier.

Régime alimentaire

Il est composé d'amphibiens, poissons, micromammifères, reptiles, crustacés et insectes.

La Cigogne noire se nourrit avec une extraordinaire discrétion dans les ruisseaux qui traversent la forêt ou en périphérie. Il existe très peu de documentation sur ses techniques de pêche.

La plus employée est sûrement un mélange d'affût et de recherches en déplacement.

Mais elle aurait été observée utilisant la posture dite "des ailes déployées" : s'arrêtant au milieu d'un cours d'eau, elle déplierait parfois ses ailes autour de sa tête (en forme de "parachute fermé") pour réduire la réflexion lumineuse à la surface de l'eau.

Le poisson, attiré par cette ombre qu'il recherche pour s'y cacher, est alors pris au piège.

L'étude réalisée en Belgique par Mathilde Mathieu confirme que la cigogne pêche dans des ruisseaux de bonne qualité, à Chabot ou Truite, où la pollution est très faible voire nulle (phosphates).

Reproduction

Cette espèce monogame atteint sa maturité sexuelle à 3 ans. Pour l'Europe centrale, le taux de reproduction est en moyenne plus élevé que celui de sa consœur blanche.

Ponte : une couvée annuelle entre avril et mai

Nombre d'œufs : 3 à 5 déposés à 2 jours d'intervalle

Incubation : 35 à 38 jours. Les deux adultes couvent alternativement

Éclosion : fin avril à début juin

Séjour au nid : les jeunes y restent entre 63 et 71 jours, puis une quinzaine de jours dans les environs, souvent au sol. Leur principal prédateur en France serait la martre est. Les jeunes apprennent à voler entre mi-juillet et août.

Suivez le séjour au nid des jeunes avec la galerie d'images Petit cigogneau deviendra grand ci-contre.

Le nid

Il est construit sur une des branches maîtresses d'un grand arbre, souvent un chêne, à proximité d'une trouée dans le feuillage facilitant l'accès de cet oiseau de grande envergure.

Installé à une douzaine de mètres de haut sous la cime et à 1 ou 2 m du tronc, les cigogneaux y sont à l'abri de la pluie et de l'ardeur du soleil.

Le nid est de taille imposante : il peut atteindre 2 m de diamètre et presque 1,5 m d'épaisseur. Il est relativement plat et garni de mousse. On l'a déjà vu occupé plusieurs années de suite (7 ans en Côte-d'Or).

En Espagne, on a observé des nids construits dans des cavités rocheuses, au milieu de falaises.

Ce nid occupe une position typique : sur la fourche d'une branche latérale d'un vieux chêne, il permet un bon atterrissage pour cet oiseau d'envergure
Ce nid occupe une position typique : sur la fourche d'une branche latérale d'un vieux chêne, il permet un bon atterrissage pour cet oiseau d'envergure © Jérôme Cavailhes / ONF
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