Les forêts sources de bois
La forêt est un gigantesque réservoir de bois. Les besoins sont énormes, que ce soit pour se chauffer, cuire les aliments ou construire et entretenir les tranchées.
Avant-guerre, le bois constitue déjà une ressource déterminante pour de nombreuses industries, telles que le bâtiment, les chemins de fer, la marine ou les mines.
Selon l'administration des Eaux et Forêts, la France consommait près de douze millions de mètres cubes de bois en 1913, dont plus de 30% étaient importés de l'extérieur.
> Des besoins largement sous-estimés
Le bois apparaît donc comme un matériau stratégique. En prévision de la guerre, l’administration calcule les volumes dont devrait avoir besoin l’armée.
Mais le conflit qui ne doit durer que quelques semaines s’allonge puis s’enlise. Quelques mois seulement après le début des hostilités, toutes les prévisions se révèlent fausses : les besoins ont été largement sous-estimés.
En chiffres
- 1 km ² de front en forêt exige 3.000 tonnes de bois pour le seul aménagement des ouvrages
- pour 10 m linéaires de tranchée, il faut 1 stère de bois
- pour construire 1 abri d’infanterie, il faut 5 à 20 stères de bois.
> Des demandes très diverses
Les demandes sont de toute nature et concernent tous les types de bois. L'artillerie recherche des bois durs (chêne, hêtre, charme) pour la fabrication d'affûts de canons, de caisses de munitions, d'attelages de pièces. L'armement a besoin de bois résistants pour les manches d'outils, les crosses de fusils.
Le génie est quant à lui en quête de bois dur pour les traverses de chemin de fer, de bois tendre pour l'étayage des réseaux de tranchées. L'intendance réclame pour sa part du bois de chauffage et du charbon. En plein essor, l'aviation a de son côté des exigences bien précises : Epicéa pour le fuselage et la charpente, Frêne pour les trains d'atterrissage, Noyer et Orme pour les hélices.
Du bois importé
Pour faire face aux très nombreuses demandes de bois, les exploitations militaires et le marché privé intérieur ne suffisent pas : sur les six millions de mètres cubes que l'armée française emploie entre 1914 et 1915, 15% sont importés de l'étranger.
> Du piquet au tablier de pont
Après abattage, le bois est acheminé vers des scieries de campagne, construites spécialement pour les besoins du front.
Le bois est façonné de multiples manières : les brins les plus petits servent à produire fascines et piquets en quantités gigantesques, les calibres moyens sont débités en planches et les plus grosses billes sont conservées pour la fabrication des pièces les plus massives, comme les portes d'écluses ou les tabliers de pont.
> Organiser l’acheminement
Après traitement, le bois est acheminé par des voies ferrées étroites, dites voies de 60, puis par voies fluviales jusqu'à des zones de stockage où il peut attendre d'être envoyé aux armées.