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Zoom Les sols forestiers : capital santé des forêts

La protection des sols est essentielle pour préserver la croissance des arbres et la vitalité des forêts. A l’ONF, cette nécessité est au cœur des principes d’une gestion durable conciliant les enjeux de production de bois et de préservation de l’environnement et des espaces forestiers. La publication récente du guide PRATIC’SOLS, destiné aux équipes de l’ONF et aux entreprises de travaux forestiers, illustre cette préoccupation majeure. Éclairage.

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© Nathalie Petrel / ONF
Si l'activité sylvicole est indispensable pour répondre aux besoins de la société en production de bois, cette dernière ne peut se faire au détriment de la protection des sols. En 2008, le règlement national d'exploitation forestière (RNEF) fait de la protection des sols un impératif de gestion durable : « Dans un souci de préservation de l'intégrité physique des sols, l'intervenant en forêt doit utiliser des matériels adaptés [...] et emprunte avec ses engins et véhicules de débardage les passages désignés à l'ouverture du chantier par l'agent de l'ONF. »

Les forestiers de l'ONF le savent : la protection des sols relève d'une responsabilité collective et des travaux mal conduits peuvent avoir de lourdes conséquences sur les forêts.

Concilier activité sylvicole et protection de la biodiversité

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Porteur avec des semi-chenilles en polyuréthane © Philippe Ruch / FCBA
Les équipes de l'ONF et les entreprises de travaux forestiers doivent adapter leur intervention en forêt en fonction de la sensibilité des sols. Pour les accompagner dans le respect de cet objectif, l'ONF, en partenariat avec la Fédération Nationale Entrepreneurs Des Territoires (FNEDT), vient de publier, fin 2017, le guide PRATIC'SOLS. Ce document pédagogique, véritable guide pour l'action, permet de définir des consignes claires. Il précise notamment un seuil d'alerte dès l'apparition d'ornières, causées par la pression des roues des engins sur le sol, de 20 cm. L'entreprise doit alors avertir le gestionnaire forestier pour décider des mesures correctives à prendre voire de suspendre le chantier.

Pour Didier Pischedda, expert national en exploitation forestière et logistique à l'ONF et co-rédacteur du guide PRATIC'SOLS, il s'agit de réfléchir à de nouvelles façons d'organiser les chantiers en forêts, sans causer de dommages irréversibles au sol : « La préservation des sols implique un aménagement et une amélioration des travaux forestiers en tenant compte des zones humides et des types de sol. » De leur côté, les constructeurs doivent adapter leurs machines à la fragilité des sols : « Les constructeurs tentent de diminuer la pression des machines au sol. On peut, par exemple, , augmenter le nombre des roues ou encore la largueur des pneus et utiliser des semi chenilles (tracks) », précise Didier Pischedda.

Une question de sensibilité

Lorsque la structure du sol change avec la pression d'une force extérieure, on parle alors de « tassement des sols ». En fonction de sa texture ou de son humidité, le sol réagira différemment suite aux passages d'engins forestiers (tracteurs, débusqueurs, abbatteuses...). Réduire les phénomènes de tassement du sol est d'autant plus important qu'il entraîne une diminution de l'activité biologique : « Si le sol est tassé, il perd sa capacité de drainage et de rétention d'eau. Les racines des arbres s'alimenteront plus difficilement en eau et en sels minéraux. La fertilité des sols diminue et cela a un impact sur la croissance des arbres et la praticabilité des cloisonnements », explique Didier Pischedda.

Au cœur des préoccupations quotidiennes des forestiers, la prise en compte des sols fait également l'objet de plusieurs programmes de recherche menés par l'ONF en partenariat avec l'INRA. En amont, un travail de réflexion sur le développement d'exploitation à faible impact sur les sols ou sur la recherche de solution de restauration des sols.

Le saviez- vous ? Les différents types de sols sont catégorisés en fonction de leur sensibilité potentielle au tassement. Les sols fortement caillouteux (>50%) et les sols fortement sableux (au moins 70 % de sable) qui ne représentent que 20 % des sols forestiers en France sont les moins sensibles. Les sols argileux ou limoneux, qui représentent 80% des sols forestiers en France. Plus un sol est gorgé d'eau, plus il est sensible et plus les dommages causés sont irréversibles. En revanche, lorsqu'ils sont secs ou gelés, les sols sont plus résistants au tassement. 

Sous nos pieds, l'avenir des forêts

Les sols forestiers sont constitués de matières minérales et organiques indispensable à leur fertilité. Les « espaces vides » qu'ils contiennent - appelés micro et macropores - permettent la circulation de l'eau et de l'air sous la terre, indispensable au développement des racines. Réservoir naturel de carbone, le sol forestier est aussi un atout majeur face au changement climatique. Un sol abîmé est un sol appauvri, condamnant l'arbre qui dépend de lui pour sa survie.

Tassement, orniérage machinisme forestier et organisation des chantiers.

Ces sujets sont traités en profondeur dans le dossier du même nom dans le numéro 54 des Rendez-Vous Techniques de l'ONF (2017). Ce dossier explique en détail la problématique et donne également des recommandations pratiques en sus du guide PRATIC'SOLS .
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