Les forestiers de l'ONF le savent : la protection des sols relève d'une responsabilité collective et des travaux mal conduits peuvent avoir de lourdes conséquences sur les forêts.
Concilier activité sylvicole et protection de la biodiversité
Pour Didier Pischedda, expert national en exploitation forestière et logistique à l'ONF et co-rédacteur du guide PRATIC'SOLS, il s'agit de réfléchir à de nouvelles façons d'organiser les chantiers en forêts, sans causer de dommages irréversibles au sol : « La préservation des sols implique un aménagement et une amélioration des travaux forestiers en tenant compte des zones humides et des types de sol. » De leur côté, les constructeurs doivent adapter leurs machines à la fragilité des sols : « Les constructeurs tentent de diminuer la pression des machines au sol. On peut, par exemple, , augmenter le nombre des roues ou encore la largueur des pneus et utiliser des semi chenilles (tracks) », précise Didier Pischedda.
Une question de sensibilité
Lorsque la structure du sol change avec la pression d'une force extérieure, on parle alors de « tassement des sols ». En fonction de sa texture ou de son humidité, le sol réagira différemment suite aux passages d'engins forestiers (tracteurs, débusqueurs, abbatteuses...). Réduire les phénomènes de tassement du sol est d'autant plus important qu'il entraîne une diminution de l'activité biologique : « Si le sol est tassé, il perd sa capacité de drainage et de rétention d'eau. Les racines des arbres s'alimenteront plus difficilement en eau et en sels minéraux. La fertilité des sols diminue et cela a un impact sur la croissance des arbres et la praticabilité des cloisonnements », explique Didier Pischedda.
Au cœur des préoccupations quotidiennes des forestiers, la prise en compte des sols fait également l'objet de plusieurs programmes de recherche menés par l'ONF en partenariat avec l'INRA. En amont, un travail de réflexion sur le développement d'exploitation à faible impact sur les sols ou sur la recherche de solution de restauration des sols.
Le saviez- vous ? Les différents types de sols sont catégorisés en fonction de leur sensibilité potentielle au tassement. Les sols fortement caillouteux (>50%) et les sols fortement sableux (au moins 70 % de sable) qui ne représentent que 20 % des sols forestiers en France sont les moins sensibles. Les sols argileux ou limoneux, qui représentent 80% des sols forestiers en France. Plus un sol est gorgé d'eau, plus il est sensible et plus les dommages causés sont irréversibles. En revanche, lorsqu'ils sont secs ou gelés, les sols sont plus résistants au tassement.