Selon l'endroit où vous avez passé vos vacances, peut-être avez-vous dû subir un temps morose, le soleil bien caché derrière d'épais nuages de pluie. Difficile alors d'imaginer qu'ailleurs en France, la sécheresse fait rage... Et pourtant ! D'après une étude du service géologique national (BRGM), au 1er août, 71 % des nappes phréatiques du territoire présentaient un niveau bas, voire très bas. Une situation qui, d'après le BRGM, n'est pas « totalement inhabituelle » en cette période mais tout de même « assez dégradée ». Il en est de même pour les couches superficielles du sol, là où les arbres s'alimentent en eau. Ces derniers peuvent alors souffrir de stress hydrique.
Le stress hydrique, c’est quoi exactement ?
Un léger manque de pluie n'affecte pas les arbres. Ils vont en effet puiser l'eau dont ils ont besoin en profondeur, dans la terre. Tant que celle-ci n'est pas trop asséchée, les arbres peuvent donc s'épanouir sereinement. En revanche, la situation se complique lorsque le manque de précipitations se prolonge et que les réserves en eau du sol ne sont plus remplies qu'à 40 % et moins. Arrivés à ce stade, les arbres souffrent du manque d'eau, on peut alors parler de stress hydrique.
A savoir !
Les réserves en eau du sol ne dépendent pas uniquement des précipitations. Elles dépendent aussi de la chaleur ambiante et de la consommation en eau des arbres. Cette dernière dépend en effet de l'espèce, mais aussi des caractéristiques du peuplement, et plus précisément de sa surface foliaire. Un peuplement au feuillage dense interceptera par exemple plus de pluie qu'un peuplement à la surface foliaire clairsemée.
Face au stress hydrique, les arbres ripostent
Face au manque d'eau, les arbres déploient différentes stratégies de défense :
- En refermant les stomates de leurs feuilles, sortes de « pores » qui permettent les échanges gazeux, les arbres diminuent leur transpiration. Mais cela se fait au prix d'un ralentissement de la photosynthèse et donc, de leur croissance.
- Les feuilles de certaines espèces, comme le tilleul ou le merisier, peuvent également sécher prématurément. Une façon de réduire la surface de feuilles pour limiter les pertes en eau.
- A moyen terme, un arbre peut aussi infléchir sa croissance en développant un peu plus son système racinaire et un peu moins son système aérien. Objectif : puiser plus d'eau dans le sol et réduire l'évapotranspiration (l'évaporation d'eau par les feuilles).
- Enfin, à long et très long terme, les arbres les plus vulnérables sont éliminés au profit des plus résistants. Une adaptation génétique qui n'est toutefois pas aussi rapide que la hausse des températures...
Le manque d’eau, un risque réel pour les arbres
Ces stratégies ont malheureusement des contreparties. Si la sécheresse se prolonge, l'arbre se retrouve « sous-alimenté en carbone » et doit puiser dans ses réserves. Affaibli, il est moins apte à se défendre contre les insectes et les maladies, ce qui peut, après quelques années, provoquer son dépérissement. Par ailleurs, si l'évapotranspiration est plus importante que l'apport en eau du sol, des bulles d'air se forment dans les vaisseaux de l'arbre et empêchent la conduction de l'eau, créant une embolie. Là encore, l'arbre peut en mourir.
Afin d'éviter une telle issue, le réseau national des écosystèmes foresTiers (RENECOFOR) et le pôle Département, recherche et innovation (RDI) de l'ONF suivent de près l'évolution de la forêt. Objectif : développer de nouvelles stratégies d'adaptation pour lutter contre les effets indésirables des changements climatiques.