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Le rôle important des champignons dans l’écosystème forestier

Partenaires puissants des équilibres biologiques de la forêt, les champignons interviennent dans le fonctionnement de l’écosystème forestier. Mais ils n’ont pas tous la même relation à la forêt. Chaque espèce joue son rôle.

Quand on parle des champignons en forêt, on évoque généralement soit la qualité gustative des champignons sylvestres (cèpes, girolles...), soit une maladie des rameaux ou des troncs, soit la pourriture du bois. Les travaux récents de la recherche montrent bien que le rôle des champignons ne se limite pas à ces aspects de comestibilité, de pourriture ou de pathologie.

Les champignons jouent un rôle très important à plusieurs titres

  1. Par leur richesse en espèces (plus de 1.000 espèces différentes de macromycètes dans certaines forêts), les champignons représentent un élément important de la biodiversité. Ils viennent en deuxième position après les insectes en ce qui concerne le nombre d'espèces
  1. Beaucoup de champignons hébergent une riche faune d'insectes mycétophages, autre élément de la biodiversité spécifique en forêt
  1. Au niveau du sol, le mycélium constitue une ressource alimentaire essentielle pour les micro-organismes : bactéries, nématodes, insectes, vers... Les champignons servent aussi de nourriture pour des mammifères (cerfs, sangliers, écureuils et petits rongeurs), les limaces et les escargots, mais aussi de nombreux insectes (mouches, fourmis...). La dissémination des spores, non altérées par la digestion, est ainsi assurée par les déjections
  1. L'appareil absorbant des arbres forestiers est constitué d'un chevelu de fines racines associées à des champignons symbiotiques qui apportent des éléments nutritifs indispensables. La diversité du complexe mycorhizien assure la stabilité du système. Ces champignons symbiotiques nous sont familiers car la plupart des comestibles en font partie
  1. Beaucoup d'espèces parmi les champignons décomposeurs se nourrissent de bois mort, décomposent les feuilles mortes de la litière en humus et participent ainsi au recyclage des éléments minéraux
  1. D'autres espèces, comme par exemple le Polypore soufré, sont des décomposeurs actifs du bois d'arbre vivant dans lequel ils pénètrent souvent à la faveur d'une blessure. Certains, comme l'agent pathogène responsable de la graphiose de l'orme, sont transportés par les scolytes.

Il reste pourtant beaucoup de progrès à accomplir en mycologie forestière, par exemple sur les questions comme l'impact de la cueillette, du piétinement ou des actions sylvicoles sur lesquelles d'autres pays comme par exemple la Suisse ou les pays scandinaves ont déjà mené des recherches.

Saprophytes, parasites ou symbiotiques… zoom sur des relations très privilégiées

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Illustration © Patrick Blanchard / ONF

Les décomposeurs ou saprophytes, éboueurs de la nature

Sans les champignons, arbres et plantes mourraient rapidement, étouffés par leurs propres déchets. Car, avec les bactéries et les insectes, les champignons jouent un rôle majeur dans l'équilibre forestier, en décomposant les matières organiques et en les transformant en humus. Ces champignons « fossoyeurs » sont qualifiés de saprophytes. Le terme saprotrophe est aussi utilisé.

Les champignons forestiers saprophytes se développent sur la matière organique morte qu'ils dégradent : souches, bois mort, litière ou humus. Grâce à leurs enzymes puissantes, les polypores sont les principaux acteurs de la décomposition du bois. Certaines espèces possèdent les enzymes qui décomposent la lignine et produisent ainsi la pourriture blanche. D'autres décomposent préférentiellement la cellulose et provoquent la pourriture brune cubique. Ces champignons assurent la libération des éléments minéraux de la nécromasse et leur recyclage.

Au niveau de la litière, les champignons saprophytes responsables des pourritures blanches sont des acteurs de la transformation des humus. Grâce à leurs enzymes, ils sont capables de dégrader les pigments bruns de la feuille.

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Illustration © Hubert Voiry / ONF

Les symbiotes, amis des arbres

Dans d'autres cas, les champignons s'associent aux racines des arbres. Ils vivent une relation symbiotique : chacun apporte à l'autre les substances qui lui manquent.

Ainsi, l'arbre fournit des sucres aux champignons qui, en contrepartie, drainent pour lui des sels minéraux. Les champignons sont donc des acteurs puissants des cycles minéraux en forêt. Ils forment sur les racines des sortes de manchons fibreux appelés ectomycorhizes (du grec mukês champignon et rhiza racine).

Certains de ces champignons mycorhiziens ne s'attachent qu'à une seule espèce d'arbre, d'autres, les plus nombreux, vivent volontiers avec des espèces différentes. Un grand nombre de champignons comestibles sont des symbiotes : cèpes, girolles ou encore la célèbre truffe. Ces champignons sont liés aux arbres d'essences collectives : chêne, hêtre, sapin, épicéa...

L'autre forme principale de mycorhizes, les endomycorhizes, concernent des champignons microscopiques et la plupart des plantes herbacées ou des arbres d'essences disséminées : frêne, érable, merisier...

On estime que plus de 90% des plantes sont mycorhizées. C'est une phénomène ancien qui remonte à l'ère primaire pour les « endos » et à l'aire secondaire pour les « ectos ».

Cette symbiose peut être considérée comme une des adaptations des plantes au milieu aérien en facilitant la nutrition minérale.

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Illustration © Patrick Blanchard / ONF

Parfois aussi parasites

Certains champignons vivent aux dépens de végétaux vivants et sont parasites. Les champignons qui apparaissent sur le tronc, souvent à la faveur d'une blessure sont considérés comme des parasites de faiblesse ou des parasites d'équilibre. Le mycélium gagne l'intérieur de l'arbre et décompose le bois. Mais l'arbre peut rester vivant un certain temps. Pour limiter l'action du champignon et protéger son cambium, il émet des substances inhibitrices et met en place des barrières.

D'autres espèces parasites colonisent la tige, les feuilles ou les graines. On considère à présent que beaucoup de ces organismes sont en réalité des endophytes : ils se développent à l'intérieur de la plante et ne deviennent pathogènes qu'à la faveur d'un stress ou du vieillissement du support.

Parmi les espèces macroscopiques, rares sont les espèces véritablement pathogènes qui provoquent rapidement la mort des arbres. Citons une espèce d'armillaire qui peut adopter ce comportement dans certaines conditions.

Le réchauffement du climat et l'accélération des échanges peut modifier brutalement ces relations hôte-parasite qui résultaient d'une lente co-évolution. Certaines espèces importées peuvent se révéler pathogènes. C'est le cas par exemple de Phytophtora cinnamomi d'origine tropicale qui provoque le chancre du châtaignier.

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