La forêt de Tronçais a subi les conséquences de l'activité humaine, avec notamment les charbonniers et l'installation de forges. Mais depuis près de 200 ans, les hommes et la forêt ont retrouvé un équilibre. Plusieurs générations de forestiers se sont succédées pour faire de Tronçais ce qu'elle est aujourd'hui : une forêt écologiquement riche, qui produit un bois d'exception. C'est en un modèle de gestion durable.
> Tronçais, une hêtraie ?
Sans l'intervention des forestiers, Tronçais se transformerait lentement en hêtraie. En effet, sur la plus grande partie de la forêt, le sol est plus propice aux développement des hêtres que des chênes.
Pour favoriser les chênes, les forestiers interviennent dès le plus jeune âge dans les peuplements afin d'éliminer la concurrence du hêtre, du charme... Les chênes poussent ici très lentement : à 100 ans, les arbres ont un diamètre moyen de 35 cm seulement.
> Tronçais, une forêt ruinée par deux fois
Au milieu du XVIIe siècle, Colbert souhaitait renforcer la marine royale, pour cela il lui faut du bois pour construire des navires. Il fait donc réaliser un inventaire de toutes les forêts royales.
Pour Tronçais, le bilan est rude. La forêt est ruinée. Pour nourrir le bétail, les arbres ont été étêtés. Le feu est utilisé pour renouveler l'herbe pour le pacage des animaux. 1.000 ha ont été usurpés par les riverains.
Les mesures prioritaires seront de protéger le périmètre de la forêt par bornage. Colbert lancera dans le même temps une grande campagne de reboisement. 60 ans seront nécessaires pour reconstituer la forêt et espérer des grands arbres 200 ans plus tard.
Mais la première révolution industrielle bouleverse la donne avec l'installation des forges de Rambourg à la fin du XVIIIe siècle. Les futaies sont abattues et transformées en taillis pour fournir le bois nécessaire à l'alimentation des forges. Les deux-tiers de la forêt disparaissent.
> Tronçais, retrouver l'équilibre
L'équilibre des classes d'âges d'une forêt est essentiel pour maintenir la diversité des milieux et assurer un approvisionnement régulier en bois.
Ainsi, depuis deux cents ans, les forestiers régénèrent chaque année une petite partie de la forêt : cela constitue à la fois la récolte des efforts passés et la promesse d’une forêt équilibrée. Les parcelles choisies pour être régénérées sont soit les plus vieilles soit celles qui sont dégradées par des tempêtes ou des dépérissements.
Pour faire vieillir une forêt trop jeune tout en visant un objectif d’équilibre, il faut régénérer des parcelles qui n’ont pas atteint la maturité : c’est ce qu’on appelle l’"effort de régénération". C’est cet effort, constant depuis deux siècles, qui a façonné la forêt équilibrée que l’on connaît aujourd’hui.
