Les pistes et impact sur l’environnement
La création de routes et pistes forestières impliquent toujours un impact sur le milieu. Des méthodes sont néanmoins utilisées et des règles mises en place pour minimiser ces impacts.
Les impacts environnementaux des pistes forestières

L'ouverture d'une route forestière occasionne un fort impact sur la végétation présente sur la largeur de l'emprise. Les largeurs concernées sont 25 mètres pour les routes permanentes, 15 à 20 mètres pour les routes secondaires, 10 à 15 mètres pour les pistes de fin de réseau.
- Certaines espèces animales (et peut-être végétales) ont beaucoup de difficulté à franchir cette rupture de l'espace forestier, cantonnant ainsi des individus de part et d'autre de la route créée. Il peut en résulter un appauvrissement génétique des espèces.
Le phénomène est connu du monde scientifique. Toutefois, les spécialistes considèrent qu'en deçà de 50 mètres de large, l'impact est amoindri et non définitif. C'est la raison du choix de gestion fait par l'ONF d'emprises inférieures à 25 mètres.
Les autres pistes et traces forestières se font sous couvert forestier. Elles ne constituent pas de rupture de l'espace.
- Les activités forestière, minière et touristique occasionnent un dérangement de la nature : bruit, modification du milieu, déchets... En foresterie, ce temps est de 2 à 3 ans sur les parcelles, 5 à 10 ans le long des routes secondaires et permanentes sur l'axe principal.
- Les terrassements nécessaires à la création de la plateforme des pistes génèrent de l'érosion qui se retrouve dans les cours d'eau traversés par les projets routiers.
Comment réduire ces impacts ?
La taille du Domaine forestier permanent dans lequel s'inscrit l'activité forestière permet d'éviter au mieux les impacts alors que dans un espace contraint ceci est plus difficile.
- Travailler sur des échelles de plusieurs centaines de milliers d'hectares autorise en effet le maintien de vastes espaces en protection servant de réservoir à la faune et à la flore (le choix de ces espaces est le fruit d'un travail de longue haleine sur les habitats forestiers en Guyane).
- Des alternatives aux zones de fortes pentes peuvent plus facilement être trouvées et limitent ainsi les risques de glissements de terrain et l'érosion des argiles tendres très présentes sur les versants. Mêmes alternatives pour les bas-fonds afin de préserver les ripisylves (ensemble des formations boisées, buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d'un cours d'eau).
- Le réseau routier est conçu « en arête de poisson » et impose qu'il n'existe aucune jonction entre deux extrémités de réseau (absence de boucle), ce qui évite le morcellement de la forêt. Des corridors de canopée continue existent donc entre chaque unité de desserte, afin de faciliter le passage de la faune.
- A l'échelle des projets, les études préalables sont basées sur des données satellitaires SRTM (Shuttle Radar Topography Mission) ou des données LiDAR (Light Detection And Ranging) qui permettent de connaître finement la topographie et les biotopes associés.
Le travail des techniciens qui parcourent la totalité du tracé du projet de piste confirme les hypothèses cartographiques et adapte au besoin le tracé en fonction des « micro-habitats » indétectables par des données satellitaires ou laser : écosystèmes particuliers, espèces protégées et sites archéologiques se trouvant dans l'emprise du projet.
- Le travail d'ouverture des peuplements forestiers et le terrassement de la plateforme sont effectués uniquement en saison sèche, de mi-août à fin novembre. Les sols devenus sensibles par leur mise à nue sont moins soumis à l'érosion à cette période et peuvent être préparés dans de bonnes conditions.
- Enfin, quelques mesures de réduction des impacts sont prescrites en cours de travaux : les très gros arbres en bordure de l'emprise déboisée sont maintenus sur pied avec un bosquet d'accompagnement, créant ainsi une discontinuité dans l'ouverture linéaire de la canopée, favorable au passage de la faune.
- Les ponts sont préférés aux aqueducs pour le franchissement des rivières car ils ne créent pas de rupture du niveau du lit mineur (pas d'effet barrage), ils ne modifient pas ou peu la vitesse d'écoulement (une augmentation de la vitesse peut empêcher certains poissons de franchir l'obstacle) et ne nuisent pas en général à la continuité écologique des cours d'eau.

Toutes ces mesures d'atténuation des impacts sont traduites en des termes précis et compréhensibles pour tous les opérateurs œuvrant pour la construction des routes, ce qui augmente leur efficacité. Dans le cas général, il s'agit d'un cahier des charges techniques opposé au titulaire des marchés publics de construction des routes et pistes forestières.
Elles sont également argumentées auprès des services de l'administration en charge de l'examen des dossiers d'évaluations environnementales, de déclarations de travaux au titre de la loi sur l'eau et de déclaration des installations classées pour l'environnement (ICPE).