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La prise en compte des usages traditionnels

La mise en place d’une gestion durable de la forêt guyanaise s’appuie notamment sur l’établissement du cadre de gestion multifonctionnelle c’est-à-dire intégrant les multiples fonctions de l’écosystème forestier : fonctions écologiques, fonctions de production, mais aussi fonctions sociales (récréatives, touristiques, patrimoniales, traditionnelles…).

Un palmier en forêt
Le palmier a de nombreux usages en Guyane : vannerie, alimentation, ébenisterie, vertus médicinales... © ONF

En Guyane, la présence de populations forestières ayant de nombreux usages traditionnels de la forêt confère à cette troisième fonction une importance toute particulière.

La prise en compte des usages de la forêt par ces populations riveraines est essentielle si l'on veut éviter la disparition de pratiques participant à la diversité culturelle de la Guyane et au patrimoine de l'humanité. Elle implique une gestion forestière participative dans les territoires concernés par ces usages traditionnels.

Par ailleurs, si la pression humaine et les usages des produits forestiers observés en Guyane ne sont pas comparables à ceux d'Afrique, d'Asie ou du Brésil, des conflits d'intérêt existent toutefois, et pourraient s'intensifier avec le fort développement démographique.

 

La prise en compte des usages traditionnels dans la gestion forestière intervient aujourd'hui à plusieurs niveaux :

  • Le cadre législatif et réglementaire national

  • article R170-56 du code du domaine de l'Etat prévoyant la possibilité pour le Préfet de constater par arrêté des droits d'usage collectifs au profit des communautés d'habitants tirant traditionnellement leurs moyens de subsistances de la forêt
  • article L.172-4 du code forestier prévoyant les modalités de cession ou de concession gratuite des forêts en Guyane à des personnes morales en vue de leur utilisation par les communautés d'habitants tirant traditionnellement leurs moyens de subsistances de la forêt.
  • La construction du cadre de gestion local

  • 669.426 ha de forêts sur lesquels ont été reconnus des droits d'usage en Guyane, en application de l'article R170-56 du code du domaine de l'Etat prise en compte dans les orientations régionales forestières, considérant le fait de mieux définir les droits d'usages dans leur contenu et dans les modalités d'exercice afin de s'assurer qu'ils s'inscrivent bien dans un processus de gestion durable
  • Définition dans les Directives régionales d'aménagement d'une série spécifiquement dédiée aux usages traditionnels.
  • La participation des populations autochtones dans les instances de dialogue relative à la gestion forestière

  • Représentation au sein de la commission régionale de la forêt et des produits forestiers
  • Concertation avec les populations autochtones depuis 2005 dans le cadre de la construction des principes critères indicateurs de PEFC adapté à la Guyane (forum et réunions)
  • Concertation avec les populations autochtones en 2011 dans le cadre de la construction des principes critères indicateurs de FSC adaptés à la Guyane
  • Concertation avec les populations autochtones concernées dans le cadre de chaque élaboration d'aménagement forestier.
  • Les usages traditionnels au quotidien

  • Conformément aux arrêtés préfectoraux constatant les ZDUC, l'ONF n'est pas gestionnaire des forêts des ZDUC, à l'exception d'une ZDUC (ZDUC communauté Palikur de la commune de Macouria)
  • Les forêts des ZDUC relevant du régime forestier sont intégrées aux aménagements forestiers, en tant que série d'usages traditionnels- application des droits d'usage pour les prélèvements de produits forestiers non ligneux
  • Surveillance du territoire
  • Incitation à construire un plan simplifié de gestion communautaire (exemple : la forêt de Balaté ci-dessous).

L'exemple du plan de gestion forestière communautaire de Balaté

Construction en bois et en feuilles de palmiers
Construction réalisée à partir de produits issus de la forêt © ONF

Une étude réalisée par l'ONF entre 2003 et 2006 sur la forêt de Balaté a permis de mieux appréhender les enjeux liés à la gestion forestière des ZDUC et de donner un exemple de construction collective des règles de gestion durable d'une forêt communautaire.

  • Le premier volet d'étude a permis d'approfondir les connaissances sur la thématique des usages traditionnels dans une zone fréquentée par différentes communautés amérindiennes sur la forêt de Balaté

Un diagnostic socio-économique a été réalisé (enquêtes qualitatives exhaustives géographiquement, enquêtes quantitatives après échantillonnage). Il a notamment permis de développer au niveau méthodologique une approche globale des usages forestiers à travers la localisation des habitats, des abattis et des layons, en combinant à la fois une approche indirecte (photos aériennes ou images satellites) et un travail de terrain (enquêtes, relevés de terrain). Il a également permis de mettre en évidence la forte appropriation de la Zone de droits d'usage collectif (ZDUC) de la communauté Arawak de Balaté, contrairement à celle des Galibis peu utilisée. Il a donc été décidé d'appuyer le village Arawak de Balaté dans la réalisation d'un plan de gestion forestière communautaire.

  • Le second volet s'est donc centré sur le plan de gestion de la ZDUC de Balaté

Les premières propositions de prise en compte des usages dans l'aménagement et la gestion des forêts ont été formulées. Un appui technique et administratif a été dispensé, à travers une formation pratique à la gestion de projet, afin de faciliter l'élaboration avec le village d'un plan de gestion forestière communautaire (le premier en Guyane). Celle-ci a aussi permis de faire émerger des projets collectifs de développement durable : plantations d'arbres à usages multiples (fruits, bois de pirogue, ...), projets d'aménagement touristique, valorisation des produits forestiers ...

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